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mercredi 23 mars 2016

Chronique: "Rue Farfadet" de Raphaël Albert

Titre: Rue Farfadet
Auteur: Raphaël Albert
Éditions: Mnémos (Collection Hélios)
Nombre de pages: 236
Prix: 9,90 €

Résumé: 
Panam, dans les années 1880 : les humains ont repris depuis longtemps la main sur les Peuples Anciens. Sylvo Sylvain a posé son havresac dans la rue Farfadet, gouailleuse à souhait. Chapeau melon vissé sur le crâne, clope au bec, en compagnie de son fidèle ami Pixel, il exerce la profession exaltante de détective privé et les affaires sont nombreuses ! Des adultères à photographier, des maris jaloux, des femmes trompées, etc. Ni très rémunérateur, ni très glorieux que tout ceci. Alors, Sylvo fréquente assidûment les bars, les cafés et les lieux de plaisir en tout genre où son charme envoûte ces dames...
Jusqu au jour où, lors d une banale enquête de routine, il se trouve mêlé à une machination dépassant l entendement. Le voilà, bien malgré lui, chargé de l affaire par l un des trois puissants ducs de Panam. Saura-t-il tirer son épingle de ce jeu compliqué et dangereux ?


     Ce livre, je l'ai découvert totalement par hasard. Je n'en avais jamais entendu parler, je cherchais juste une histoire de détective privé, dans un monde fantasy, avec plein de créatures étranges, histoire de combler mon manque de "Garret, détective privé" de Glen Cook. Quand je suis tombée sur "Rue Farfadet", entre l'objet livre et le résumé, il me le fallait, ce livre était fait pour moi! Je savais qu'il allait me plaire, et je n'ai pas été déçue!

     On suit ici Sylvo Sylvain, un elfe centenaire, rejeté de sa forêt originelle qui s'est installé à Panam. Alcoolique, désargenté, cynique, il exerce le métier de détective privé, mais mène généralement de pitoyables enquêtes d'adultères aidé de Pixel, un pillywiggin et unique ami. Pas de quoi pavoiser, alors il passe la majorité de son temps dans les bars et autre lieux de plaisir... Un jour, en pleine filature d'un nain trompant sa femme, il va se retrouver témoin d'un attentat et va vite être soupçonné de l'avoir commandité... De fil en aiguille, il va se retrouver dans une enquête qui le dépasse totalement.... Ou, l'art de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment.

      C'est vraiment un très bon livre de polar / fantasy urbaine/ steampunk. L'auteur a vraiment réussi ce mélange des genres. L'univers dépeint est vraiment dépaysant: nains, gobelins, farfadets, elfes... sont au rendez-vous, ...dirigeables, hippomobiles, calèches vous conduiront où vous voulez..., la météo est sous contrôle... Bref, de quoi vous faire perdre la tête. Le genre steampunk saute aux yeux par les nombreuses références à Paris (Panam). Les noms des lieux, les journaux et jusqu'aux jours de la semaine sont détournés. Ainsi la Seine devient la Veine, mercredi est troqué contre maigredi... Si j'ai énormément aimé cette idée de détournement, cela est allé un peu trop loin des fois. Sans me lasser, je n'ai pas toujours trouvé l'intérêt de ces modifications. Petite mention pour le travail d'édition du livre dans lequel on retrouve des coupures de journaux fictives, des fausses pubs, et même une carte. De quoi vous plonger un peu plus dans cet univers riches et plaisant.

     Malgré cet univers riche, l'intrigue elle, est somme toute assez classique et même lente à démarrer. On devine assez vite la suite des évènements et comme souvent dans ces livres qui mélangent les genres, c'est l'aspect policier qui en pâtit. Mais, la bonne rythmique de l'ensemble, l'absence de réel temps mort pour notre détective font que ce petit hic n'est pas problématique. Les personnages aussi sont un peu simplistes et limites stéréotypés. Même si j'ai beaucoup apprécié Sylvo, son côté "personnage brisé par la vie, déraciné de sa forêt, qui survit plutôt que de vivre" ne pas particulièrement touché. Après, les informations le concernant nous sont données au compte-goutte... Mon avis changera peut-être avec la suite de ses aventures.

     D'ailleurs, cet aspect "informations données au compte-goutte" m'a un peu déstabilisée au début. On se retrouve d'emblée en filature et on en apprend plus au cours des premières pages sur le nain suivi que sur le narrateur. Sans être réellement dérangeant, je me suis sentie un peu perdue. Vous savez, le genre d'impression que pourrait avoir un amnésique qui, sans se rappeler qui il est, se souvient parfaitement du travail qu'il fait... Heureusement, cette sensation se dissipe assez vite et quelques données nous sont (enfin ?) délivrées.

     Concernant l'écriture, j'ai aimé la plume de l'auteur. Elle est fluide, humoristique, et assez familière. Les pages se tournent les unes après autres sans qu'on s'en rende compte. La narration, bien qu'à la première personne ne m'a pas totalement immergée dans l'histoire. Mais, ce livre reste un premier tome. Il marque les bases, met en place un univers unique, et là, en revanche, je ne pas dire que je n'ai pas été dépaysée!

     En conclusion, "Rue Farfadet" est un mélange des genres particulièrement réussi. Il faut aussi noter que c'est le premier roman de Raphaël Albert et je trouve qu'il s'en sort très bien. C'est un livre drôle et rafraichissant. Si vous êtes adeptes des lectures de l'imaginaire, je ne peux que vous le conseiller. Une note spéciale également aux éditions Mnémos que j'ai découvert assez récemment et dont je suis tombée amoureuse!



Extraits:
"Martin. C'était son nom. Martin le nain. Il vivait en banlieue, à Saltrouville,dans une zone pavillonnaire de second ordre. Sa rue était un triste chapelet de maisons bâties sur le même moule, un cube posé sur un carré de pelouse. C'est simple, on se serait cru dans le catalogue des Maisons Bigre. Lui habitait page 23, le modèle "Harmonie", une mocheté dont il était, tenez-vous bien, pro_pri_é_tai-re! Un aboutissement en quelque sorte. Martin le nain."

"Mmm... S'asseoir et observer. Boire et ne rien faire.
Une aimable manière de dépenser sa mesure de temps."


"Pour les Elfes, les humains sont ... insensés. C'est le mot: insensés. Pour nous, vous êtes une race de fous furieux, un peuple girouette chez qui tout n'est que déraison."


"Il s’agissait d’un Modèle B de chez Porf & Co®, le célèbre industriel nain. Le modèle le plus courant. B comme boule, sans doute, car le véhicule vert sombre évoquait une citrouille pas mûre montée sur quatre larges roues de bois cerclées de fer, avec au cul un moteur conique tout en cuivre et de cuir lacé. Une courte et étroite cheminée pointait vers le ciel, crachant par bouffées, moderne oriflamme, une fine fumée blanche. L’habitacle, coupole de verre, était une bulle spacieuse où un quatuor de jeunes gens bien mis riaient aux éclats dans les cahots."



 

6 commentaires:

  1. Un premier tome très sympa ! Il faudrait que je me mette à la suite :)

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    1. Je crois que je vais la lire assez vite de mon côté... Même si, il me semble que le T3 n'est pas sorti en poche.

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    2. De mémoire, il me semble en effet que le 3 est seulement en grand format :) !

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  2. Oh quand j'ai lu le résumé, j'ai direct pensé à Garret, détective privé! Je les ai tous lus! Je me note celui-ci :)

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    1. J'espère qu'Atalante va continuer de traduire les "Garret", j'avoue que je ne pense pas ma lancer de suite dans de la VO du niveau de Glen Cook! Je pense du coup que, si comme moi tu es adeptes de Garret, tu devrais aimer! Tout en étant très différent, les "ingrédients" de base sont similaires!

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  3. J'ai moi aussi découvert les éditions Mnémos il y a peu de temps et je trouve qu'ils proposent des titres très intéressants! Je ne connaissais pas du tout celui-ci. Je ne suis pas adepte de romans policiers, mais si c'est mêlé à du fantasy / steampunk, je dis oui! Merci pour la découverte :)

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