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mercredi 25 novembre 2015

Chronique: "L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea" de Romain Puértolas




L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, c’est une aventure rocambolesque et hilarante aux quatre coins de l’Europe et dans la Libye postkadhafiste, une histoire d’amour plus pétillante que le Coca-Cola, mais aussi le reflet d’une terrible réalité : le combat que mènent chaque jour les clandestins, ultimes aventuriers de notre siècle. Un roman dont le titre peut à lui seul provoquer des insuffisances respiratoires chez ceux qui tentent de le prononcer d'une seule traite !
« Le premier mot que prononça l’Indien Ajatashatru Lavash Patel en arrivant en France fut un mot suédois. Un comble ! Ikea.
Voilà ce qu’il prononça à mi-voix. Cela dit, il referma la porte de la vieille Mercedes rouge et patienta, les mains posées sur ses genoux soyeux comme un enfant sage. »


     « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa »... rien que le titre éveille la curiosité, non? C’est sur un coup de tête que j’ai acheté ce livre cet été, amusée par ce titre à rallonge et absurde, et attirée par sa couverture pétante… Je n’en attendais pas grand-chose, j’espérais juste passer un bon moment, et c’est plutôt réussi.

     C’est l’histoire d’Ajatashatru Lavash Patel (à prononcer, selon notre choix, «j’arrache ta charrue la vache» ou «achète un chat roux», etc...). Il est fakir, et débarque à Paris pour y acheter un lit à clous en promotion chez Ikéa. Des situations plus farfelues les unes que les autres s’enchainent alors, si bien qu’il se retrouve coincé dans une armoire Ikéa. A partir de là, un voyage inattendu attend notre hindou: de Londres à Rome en passant par Barcelone. Des rencontres surprenantes vont également s’enchainer: des réfugiés d’origines diverses, un gitan floué, une actrice au grand cœur…. Et qui sait, notre fakir va peut-être même y trouver l’amour.

     Que dire de ce livre? J’ai vraiment passé un agréable moment avec cette lecture. Le rythme du roman est vraiment effréné pour réussir à suivre les aventures de ce fakir au nom imprononçable: Ajatashatru Lavash Patel. D’ailleurs, j’ai apprécié cette idée des mille et une transcriptions de ce nom étrange. Et pour tout vous dire, durant tout le roman, j’ai opté pour « J’attache ta charrue la vache », qui, je trouve, s’accordait bien avec ce personnage farfelu. Outre celui de notre hindou, les noms des autres personnages sont également charismatiques, par exemple on y retrouve la très célèbre « Sophie Morceaux ». Mais, au milieu de ces blagues absurdes et de ces situations cocasses, la situation des immigrés clandestins est mise en avant. Certain pourrait reprocher à l'histoire son côté larmoyant, ou dénonciateur, et il est vrai qu’à certains moments ce focus fait perdre de sa légèreté au roman. La frontière entre le second degrés et le côté moralisateur est tantôt bien fine, tantôt énorme. Je dirais que le roman est inégal à ce niveau, ce qui est bien dommage. Cependant, l‘aventure de "j’attache ta charrue la vache" reste unique et originale. J’ai aimé découvrir au fur et à mesure de nouvelles facettes de sa personnalité, suivre ses réactions non-sens face à des situations toujours plus farfelues que les précédentes (il se retrouve quand même à voyager en montgolfière….)..Et, bien que hors-norme, il est difficile de ne pas s’attacher à ce fauteur de troubles et arnaqueur au grand cœur.

     En conclusion, cette histoire est loin d’être aussi hilarante que le laisse supposer son titre ou son résumé, mais elle reste amusante, et je vous mets au défi de ne pas sourire au moins une fois par chapitre. Les personnages, bien que des caricatures extrêmes, demeurent attachants et accentuent le côté absurde de toute cette histoire abracadabrante. Et, ce roman peut même être considéré comme un conte initiatique moderne, où notre fakir va au fil du temps se remettre en question et revoir ses ambitions.

     Vous l'aurez compris, pas de coup de cœur pour la plume de Romain Puértolas, mais loin d'en être déçue pour autant. Et, si vous aimez le second degré, que vous avez envie de vous aérez l’esprit avec un peu de légèreté, je ne peux que vous conseiller ce livre!


Fiche technique:
Titre: L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa
Auteur: Romain Puértolas
Éditeur: Le livre de poche
Nombre de pages: 312
Prix: 7,30 €

Extrait:
"- Alors, un lit à clous Kisifrötsipik spécial fakir en petit pin suédois véritable, avec hauteur des clous (inoxydables) ajustable. Quel coloris ?
- Que me proposez-vous ?
- Rouge puma, bleu tortue ou vert dauphin.
- Je ne vois pas très bien la correspondance entre les couleurs et les animaux, avoua Ajatashatru qui ne voyait pas bien la correspondance entre les couleurs et les animaux mentionnés.
- Tout cela nous dépasse. C'est du marketing.
- Bon, alors rouge puma."

 

3 commentaires:

  1. J'ai vu beaucoup de critiques positives sur ce livre et je trouve que sourire au moins une fois par chapitre, c'est déjà pas mal :)

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    1. Oui, c'est déjà pas mal, tous les livres ne peuvent pas s'en vanter! Enfin, après, moi il m'a fait cet effet là, mais je suis bon public des jeux de mots pourris... :D

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  2. Moi .... je me suis régalé par-contre !!! Romain PUERTOLAS meme si un peu graveleux par moments jongle avec les mots et il a une imagination assez fertile je trouve. Avec le recul je pourrais peut etre lui reprocher de toutes petites longueurs, mais c'est incontestablement un livre parmi les livres que j'ai envie de relire ! Ecrit en 20 minutes dans le RER je trouve que l'auteur s'est pas mal défendu pour un premier opus.
    Parcontre j'ai effectivement eu quelques réticences plus marquées avec "La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour eiffel."

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