Chronique: "Le Chaperon rouge" de Sarah Blakley-Cartwright et David Leslie Johnson

  

"Le village de Daggerhorn semble sommeiller au creux de la vallée. Depuis des générations, le Loup qui menace sa tranquillité est tenu à l'écart grâce à un sacrifice mensuel. Mais aujourd'hui, plus personne n'est à l'abri. Et la peur rôde... A la mort de sa soeur, Valérie est inconsolable. Henry, le séduisant fils du forgeron, tente de gagner ses faveurs, mais le coeur indompté de la belle bat pour un autre garçon : Peter, le bûcheron exclu du groupe, qui lui offre des escapades palpitantes en dehors du cocon familial. Un beau jour, un chasseur de loups de passage dans la région fait une terrible révélation qui provoque la stupeur des villageois : la Bête qui les terrorise vit parmi eux. Chacun devient suspect. Bientôt, on comprend que seule Valérie peut entendre la voix du Loup. Et celui-ci exige qu'elle le rejoigne avant que le sang ne coule..."

      Vous devez commencer à connaitre mon amour pour les réécritures de contes... C'est donc sans surprise que, lorsque je suis tombée par hasard sur celle-ci, elle a aussitôt atterri dans mon sac. "Le petit chaperon rouge" n'est pas mon conte préféré, mais j'étais curieuse d'en découvrir une nouvelle version.

     L'histoire se déroule à Daggerhorn, un village qui vit dans la peur du Loup. Chaque pleine lune les habitants offrent un animal en sacrifice et s'enferment dans leur maison. Mais le pacte fait avec la bête va un jour s'essoufler et le loup va recommencer à faire des victimes. Nous suivons plus particulièrement Valérie qui est une jeune fille courageuse, et un peu en marge de cette société dont la sœur fera partie des premières victimes. Bien qu'elle ne s'intéresse pas particulièrement aux garçons, deux prétendants vont vite se révéler et tout deux seront prêts à tout pour gagner son cœur. En parallèle de ce triangle amoureux, les villageois tentent par tous les moyens de vaincre cette bête incontrôlable qui se cache parmi eux.

     C'est une réécriture vraiment étonnante. Même si on retrouve la grand-mère vivant dans la forêt, la mythique cape rouge, le loup, on est loin du conte pour enfant. Le petit chaperon rouge a bien grandit et le loup, troqué contre un loup-garou est bien plus complexe que dans le conte originel.

     La première partie du livre est assez lente, on découvre essentiellement la personnalité de Valérie et son quotidien et j'avoue avoir eu du mal à me plonger dedans. Cependant tout s'accélère dans la seconde et troisième partie. La paranoïa s'installe rapidement et nous sommes plongés dans une atmosphère sombre et oppressante. Même si la chute est prévisible, les auteurs ont su me faire douter tout le long et me garder en haleine: jusqu'à la fin j'ai eu un doute sur l'identité du loup.

     Une fois la première partie passée, j'ai vraiment accroché à l'histoire et aux plumes des auteurs. C'est vraiment bien écrit, l'ensemble est très fluide,les pages se tournent toutes seules. Sans cette première partie longuette ce livre aurait vraiment pu être un coup de cœur. Un autre petit bémol, et pas des moindre, le dernier chapitre n'est pas dans le livre mais en ligne... Je ne comprends pas vraiment ce choix... D'autant plus que ce dernier chapitre est vraiment décisif.

     En conclusion, "Le chaperon rouge" est une bonne réécriture de conte, bien loin de l'original mais pas moins surprenante. Je ne peux pas vous faire de comparaison avec le film dont est issu le livre, mais c'est une lecture très agréable et fluide. Si vous aimez les réécritures de contes plutôt originales, foncez!


 Fiche technique:

Titre: Le chaperon rouge
Auteurs: Sarah Blakley-Cartwright et David Leslie Johnson Éditions: Michel Lafon poche
Nombre de pages: 342
Prix: 6,60 €


Extraits:
"Cette chose singulière que d'avoir une soeur songea-t-elle. Car on passe toute sa vie à se dire qu'on aurait pu être elle."
"La plupart des chaperons étaient ordinaires, laineux et taillés dans un tweed rigide. En revanche, celui-ci n'était ni rugueux ni empesé. Il était incroyablement fin, presque fluide et frais au toucher, comme si l'on avait tissé ensemble des pétales de rose.
Au contact de cette étoffe, elle se sentait encore plus forte qu'auparavant. Ce vêtement avait presque quelque chose de presque trop naturel, comme une seconde peau qui lui aurait toujours appartenu."