« Une île. Un vieil homme et une jeune fille y vivent à l’abri de
tout reflet. Une infirmière survient pour soigner la jeune fille. Tandis
que des relations de plus en plus confiantes se nouent entre elles,
l’infirmière découvre les éléments d’un mystère et d’un drame qui
tiennent à l’étrange loi que le vieil homme fait régner sur l’île. »
Je vous l’ai déjà dit, Amélie Nothomb est une auteure que j’apprécie énormément. Je l'ai découverte avec "Métaphysique des tubes" il y a quelques (beaucoup) d’années au lycée. J'ai tout de suite accroché à son monde déjanté, humoristique et égocentrique. Je me suis mise en tête de lire toute sa bibliographie au début de l’année. Après la bonne panne de lecture que m’a provoqué son titre « Péplum » (chronique très très brève >> ici <<), j’ai doucement repris la lecture de ses œuvres.
Aujourd’hui, j’ai trois livres d’Amélie Nothomb à chroniquer : « Mercure », « L’hygiène de l’assassin », « La nostalgie heureuse », c’est pourquoi j’ai décidé de vous organiser une petite semaine « Amélie Nothomb ». J’espère que ces chroniques vous plairont, et vous donnerons envie de découvrir cette auteure si vous ne la connaissez pas, ou, de poursuivre votre découverte si vous avez déjà eu l’occasion de vous plonger dans son univers.
C’est parti pour la première chronique de la semaine spéciale. Et, c’est avec « Mercure » que j’ai décidé de commencer cette série.
« Mercure » nous raconte l'histoire d’un vieil homme et d’une jeune fille, Hazel, qui vivent isolés sur une île au large de Cherbourg. Ils sont entourés de serviteurs et de gardes du corps, mais surtout à l'abri de tout reflet. Hazel ne doit sous aucun prétexte voir son propre visage. Engagée pour soigner la jeune fille, Françoise, une infirmière, va découvrir les étranges mystères qui unissent les deux personnages. Elle découvrira pourquoi Hazel se résigne, nuit après nuit, aux caresses du vieillard et découvrira quelle inimaginable machination ce dernier à mis en place pour gagner le cœur de la jeune Hazel.
J’ai beaucoup apprécié ce roman, et après la douloureuse lecture de « Péplum », il m’a en quelque sorte réconcilié avec Amélie Nothomb. Il est difficile de parler de ce roman sans en révéler quelques points importants. Je m’excuse donc d’avance si quelques spoilers s’immiscent à mon avis. J’ai trouvé à « Mercure » des similitudes avec le conte de « La belle et la Bête », et, en en ayant lu une réécriture récemment (« Belle » de Robien McKinley), cela est encore plus frappant. L’époque est évidemment beaucoup plus contemporaine que le conte, mais, on retrouve une jeune fille (la Belle) séquestrée par un vieil homme (le Bête), sur une île (le château enchanté). Françoise quant à elle pourrait être comparée à un fougueux chevalier prêt à tout pour sauver sa princesse. Au-delà de ces similitudes avec un conte, on retrouve la signature propre d’Amélie Nothomb et les sujets qu’elle aborde de façon récurrente dans ses romans, soit: l’amour absolu, les illusions d’un tel amour, la passion dévorante, une perversité malsaine et surtout des personnages ni tout blanc, ni tout noir. Concernant sa plume, j’ai retrouvé avec plaisir des dialogues riches, fournis, toujours argumentés, références à l'appui. La littérature va d'ailleurs ici prendre une place importante, ce qui est assez étonnant, car, une double intrigue va alors s'installer. Et, que l’on soit ou non du même avis que l’auteure lorsqu’elle critique les œuvres énoncées, tout est bien mené: l'argumentation, les intrigues, ... , ça, personne ne pourra lui reprocher.
La particularité de ce roman est la fin, ou plutôt les fins, car, oui, nous avons deux fins à ce roman. La première n’a rien de surprenant, et rapidement on se doute du dénouement, ou du moins c’est ce qu’on espère qu'il va se passer lorsqu’on a compris le scénario. La seconde fin est plus surprenante, mais pas moins intéressante. Certains trouveront du laxisme à l’auteure de ne pas avoir su choisir, d’autre comme moi, se sont sentis plus investis dans le roman. J’ai aimé découvrir les deux fins imaginées par Amélie, et de pouvoir choisir celle qui me convenait le mieux m’a vraiment plu, je me suis sentie impliquée dans cette histoire, un peu à la façon des livres à choix multiples où l'on est maître du destin de nos personnages.
En conclusion, c’est un livre que je vous conseille vraiment, même pour ceux n'ayant jamais lu de roman de cette auteure. Encore un très bon livre d’Amélie Nothomb.
Fiche technique:
Titre: Mercure
Auteure: Amélie Nothomb
Éditeur: Le livre de poche
Nombre de pages: 188
Prix: 5,10 €
Extraits:
"La laideur, c’est rassurant : il n’y a aucun défi à relever, il suffit de s’abandonner à sa malchance, de s’en gargariser, c’est si confortable. La beauté est une promesse : il faut pouvoir la tenir, il faut être à la hauteur.C’est difficile. Il y a quelques semaines, vous disiez que c’était un cadeau sublime. Mais tout le monde n’a pas envie de recevoir une telle faveur, tout le monde n’a pas envie d’être élu, de voir la stupéfaction charmée dans le regard des autres."
"La laideur, c’est rassurant : il n’y a aucun défi à relever, il suffit de s’abandonner à sa malchance, de s’en gargariser, c’est si confortable. La beauté est une promesse : il faut pouvoir la tenir, il faut être à la hauteur.C’est difficile. Il y a quelques semaines, vous disiez que c’était un cadeau sublime. Mais tout le monde n’a pas envie de recevoir une telle faveur, tout le monde n’a pas envie d’être élu, de voir la stupéfaction charmée dans le regard des autres."
"Vous n’avez aucune idée de ce qu’est l’amour : c’est une maladie qui
rend mauvais. Dès que l’on aime vraiment quelqu’un, on ne peut
s’empêcher de lui nuire, même et surtout si l’on veut le rendre heureux."
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