les dernières chroniques

À lire, ou à relire, les dernières chroniques du blog:


mercredi 18 novembre 2015

Chronique: "Les cartographes" de S.E. Grove




"Dans un monde bouleversé, les Etats-Unis sont situés dans un XIXe siècle fabuleux, le Groenland est dans la préhistoire, et l’Afrique du Nord dans un temps qui évoque celui des Pharaons. Quelle est donc la carte qui permettra de réunifier le monde en une seule époque ? Sophia vit à Boston, en Nouvel Occident. Depuis huit ans, lorsque ses parents explorateurs ont disparu en mission, elle est élevée par son oncle Shadrack, le plus célèbre cartographe de Boston. Mais voilà qu’il est brutalement kidnappé… La jeune fille s’élance alors sur ses traces. Elle n’a qu’une piste : une mystérieuse carte de verre accompagnée d’un message, que Shadrack est parvenu à lui laisser. Avec son nouvel ami Théo, elle va traverser terres, mers… et se confronter à des mondes complètement différents."


     Comme beaucoup de gens, j’ai été très curieuse de découvrir ce livre dès que les premiers échos ont fait parler de lui et avant même sa sortie française. Il est rare que j’achète un livre dès sa sortie car, il faut se l’avouer, les grands formats ce n’est pas donné, et mettre entre 15 et 20€ dans un livre moyen, moi, ça me fait mal aux fesses. Mais j’ai fait une exception, l’histoire me tentait vraiment, la couverture était superbe, et je voulais découvrir S.E. Grove. Aussitôt acheté, aussitôt lu. Mais, loin de tous les avis élogieux, ce roman n’a pas fait mouche chez moi…

     L’histoire : en 1799, un étrange phénomène fait basculer les continents dans périodes historiques distinctes. Les cartographes estiment, à l’issue d’un siècle d’exploration, que les différentes époques vont de la Préhistoire aux Temps Modernes. On va suivre Sophia, qui vit à Boston, en nouvel Occident, chez son oncle Shadrack, un célèbre cartographe. Lorsque le pays annonce la fermeture imminente de ses frontières, Sophia et son oncle décident de partir à la recherche des parents de cette dernière qui ont disparus en 1891, lors d’une expédition, avant qu’il ne soit plus possible d’entrer ou sortir du pays. Lors des préparatifs, Shadrack forme Sophia à la lecture des cartes sous toutes leurs formes, papier, peau, argile, verre... La veille de leur départ, Shadrack est kidnappé. Suivant les dernières instructions de son oncle, Sophia part pour les Terres rases avec une carte de verre dont elle ignore tout et en compagnie de son nouvel et mystérieux ami : Théo. En chemin, de nombreuses péripéties et rencontres les attendent.

     Bon, par où commencer… Déjà, c’est indéniable, ce livre est splendide. Il y a eu, je trouve, un superbe travail d’édition réalisé. Ensuite, j’ai beaucoup apprécié l’univers. Il est vrai que celui-ci est très complexe (peut-être un peu trop pour un livre classé jeunesse ?) et riche, donc beaucoup de choses à assimiler par moment poursuivre le fil de l’histoire, mais moi, j’ai aimé cette part de folie de l’auteur. Imaginez que les habitants du continents, voire du pays d’à côté vivent à une époque différente de la vôtre? Je trouve ça passionnant pour ma part. Et non satisfait par cette complexité des Ages, S.E.Grove à remanier les cartes à sa sauce. Imaginez des cartes du monde, de votre ville non pas linéaires, mais sensorielles et mémorielles, sur des supports variés, grâce auxquelles vous pouvez revivre une journée précise à un endroit précis avec les émotions et sensations éprouvés? Je trouve ça fascinant. Et n'oublions pas toutes ces créatures, ces humains pas entièrement faits de chairs et d'os. Bref, un univers réellement bien mené.

     Cependant, malgré ces points positifs, la plume de l’auteur ne m’a pas spécialement touchée, et ce livre est loin d’être un coup de cœur, et je l’ai même tout juste apprécié. Si j’ai de suite accroché à cet univers incroyable, j’ai eu énormément de mal à entrer dans l’histoire. Pour vous dire, aux alentours des 100 pages, je n’étais toujours pas spécialement touchée par les personnages…. Et, quand j’ai finalement commencé à me faire bercer par l’histoire, j’ai trouvé les personnages assez énervants… Enfin, surtout Sophia. Elle a 13 ans, et elle est surchargée de responsabilités. Je trouve que l’âge du personnage, ne correspond pas aux attentes que les autres personnages ont vis-à-vis d'elle ou encore celles que l’on a nous lecteurs quant à son aventure. Sans parler des paradoxes liés à ce problème d’âge : tantôt elle est considérée comme une adulte et elle dirige la mission, tantôt comme une enfant et elle doit juste obéir. Et les remarques qu’elle se fait : « Elle avait l’impression d’être une gamine ». Intérieurement, je me disais, ben oui c’est normal t’en es une... En fait, ce personnage m’a donné l’impression que l’auteur ne savait pas comment se placer avec : en lui donnant quelques années de plus, les adultes rencontrés en chemin n’aurait pas forcément eu besoin de se montrer si paternels. Mais en lui laissant ses 13 ans il devait laisser apparaitre quelques incohérences et donner une maturité à "temps partiel" à Sophia pour qu'on oublie pas son jeune âge.

     J’ai également eu un petit problème avec un passage du livre, toujours en lien avec l’âge des personnages principaux. A un moment, Théo s’en va, comme ça, sans explications, et personne ne cherche à le retenir,ou  à comprendre le pourquoi du comment (enfant ou adultes). Je suis restée hébétée face à cette situation. Je ne sais pas, je suis adulte, et je prends un gosse sous mon aile, je le laisse pas prendre la filante sans rien tenter ou comprendre…J'essaie de le protéger... Bon, vous l’aurez compris, j’ai eu un peu de mal avec les personnages et leurs rôles.

     Un autre petit truc m’a chagriné, sûrement un détail pour la plupart des lecteurs, mais mon côté biologiste en végétal est ressorti… L’auteur nous décrit un fraisier comme un arbuste… Alors je suis d’accord, il était modifié, le fruit avait le goût de champignon, mais on restait sur le visuel d’un plant de fraisier. Un arbuste, bien que distinct d’un arbre, possède toujours un tronc que l’on distingue… Et pour moi, un fraisier n’a pas de tronc, ou alors j’ai raté ma vocation… Bon, ça c’était juste le détail qui, même s’il n’a pas de grande importance, a rajouté du bancal à l’histoire à mes yeux.

     En conclusion, que pourrais-je dire de ce livre ? Je mentirais si je disais que je ne l’ai pas apprécié. L’auteur a vraiment bien construit son univers. Mon seul problème a été les personnages, ce problème de trop grandes responsabilités, des adultes qui s’effacent face à des enfants. Je pense que si Sophia et Théo avaient plutôt 16-18ans j’aurais mieux accroché et compris les missions qui leur été confiées. Je doute énormément d’avoir envie de me plonger dans la suite de cette série. Même si la fin a attisé ma curiosité, je ne suis pas sûre de supporter les personnages 500 pages de plus.



 Fiche technique: 
Titre: Les cartographes
Auteur: S.E. Grove
Éditeur: Nathan
Nombre de pages: 561
Prix: 19,90€

Extrait:
"Nul homme n'est une île, complète en elle-même : chaque homme est un morceau du continent, une part de l'ensemble ; si un bout de terre est emporté par la mer, l'Europe en est amoindrie [...]. La mort de chaque homme me diminue, car je suis impliqué dans l'humanité."

2 commentaires:

  1. C'est vrai que la couverture du livre est magnifique, dommage que tu l'aies tout juste apprécié!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, et je suis vraiment triste de l'avoir à peine apprécié. Il y a beaucoup de potentiel, mais je n'ai pas réussi à passer au-dessus de ces petites incohérences avec les personnages... Je me sens un peu seule à ne pas l'avoir aimé xD

      Supprimer